mardi 24 février 2009

CHINE ET TIBET par Eleonore et Quentin (sec 1)

Depuis plus de deux mille ans, la Chine et le Tibet n'ont jamais pu cohabiter harmonieusement. En règle générale, lorsque le pouvoir central chinois était fort à Pékin, le Tibet subissait la domination chinoise. À l'inverse, la Chine, affaiblie, a dû parfois endurer la suzeraineté tibétaine.
Aujourd'hui, les cinq millions et demi de Tibétains, éparpillés sur le 1,2 million de km2 de l'immense plateau tibétain, sont colonisés. Pour les Hans (les Chinois), la culture chinoise est supérieure à toutes les autres. Les jeunes Tibétains, dans les écoles, n'ont aujourd'hui le droit d'apprendre que le chinois.

Les préjugés chinois à l'endroit des Tibétains remontent au début de la Route de la soie, à l'orée du premier millénaire, lorsque les Tibétains dévalaient de leurs montagnes pour piller les caravanes. Ces Tibétains furent des siècles durant aux Chinois ce que les Mongols ou les Huns représentèrent plus tard pour les Occidentaux : des demi-hommes, des sauvages malfaisants, des bêtes sanguinaires...

L'origine des populations tibétaines demeure confuse, mais remonte certainement au néolithique, lorsque des tribus nomades commencèrent à sillonner ces hauts plateaux. Plus tard, sur ces terres inhospitalières, des tribus s'entr'égorgèrent, jusqu'à la pénétration du bouddhisme au VIIe siècle. Ce début de civilisation amena le roi Namri Songtsen à envoyer deux missions en Chine, en 608 et 609. Ses descendants directs établirent les frontières du Tibet, telles que les trouvèrent les communistes chinois en 1950.

Lhassa, la capitale du pays, fut fondée à cette ancienne époque, et en 751, alliés aux Ouïgours et aux Abbassides, les Tibétains infligèrent une défaite cuisante aux Chinois lors de la bataille de Talas. En 763, les Tibétains envahirent Pékin, la capitale chinoise.

À défaut de pacifier le Tibet, le bouddhisme le pénètre en absorbant toutes les traditions locales. La théocratie remplace les chefferies, les lignées religieuses étant soutenues par des clans (cela s'observe encore dans les monastères, où l'égalité entre moines est une utopie).
À Lhassa, les factions aux bonnets de toutes les couleurs prennent l'habitude d'aller s'appuyer sur des puissances extérieures pour s'imposer. Les Mongols, à partir du XIIe siècle, considèrent le Tibet comme le leur, et y règnent. Ils seront remplacés par les Mandchous qui prendront Pékin, alors que les dalaï-lamas deviendront les chefs du pays à partir du XVIIe siècle seulement. L'empereur Qianlong, en 1791, respecte l'autorité morale du dalaï-lama, il se contente de protéger le Tibet. L'affaiblissement de la Chine rend ensuite le «protectorat» chinois virtuel : le Tibet se déclare indépendant en 1913.

Mao Zedong fait envahir le «Toit du monde» en octobre 1950, quatre mois après que les troupes de la Corée du Nord eurent attaqué le Sud. À Lhassa, personne n'avait rien vu venir, tant le pays vivait dans une douce indépendance… Le Tibet «libéré» est soudain «partie intégrante de la Chine». Le territoire du plateau est divisé entre diverses provinces chinoises, la «province autonome du Tibet» et sa capitale Lhassa n'occupant qu'un tiers de ce territoire. Entre 1966 et 1976, la Révolution culturelle amènera au pillage et à la destruction des monastères, dont les «bouddhas vivants» sont envoyés dans des fermes pour soigner les cochons. Dans les années 1990, les Chinois construisent un musée à Lhassa. Dans celui-ci on y explique que le Tibet toujours été chinois.

Les Tibétains n'ont pas davantage souffert du communisme que les autres Chinois croyants. Mais pour eux, 98 % de la vie quotidienne est régie par les lois du Ciel, et le communisme les a donc particulièrement éprouvés. Dès 1959, ils se révoltent à Lhassa. Des statistiques officielles indiquent que la répression chinoise a fait… 80 000 morts !

Trente ans plus tard, en 1989, la révolte reprendra. Le gouverneur du Tibet qui l'a asservie s'appelait Hu Jintao. Il est devenu le numéro 1 chinois. Depuis une décennie, Pékin investit des dizaines de milliards de dollars au Tibet, dans l'espoir de transformer les habitants en capitalistes qui oublieront leurs revendications nationales. Sans succès.

Eleonore et Quentin (sec 1)

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